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lique du punch troublait légérement sa cervelle. M. Jojo, muet, l’enveloppa d’un regard où luisait son désir de cette fille saine et neuve. Il méditait, combinait des gestes habiles, audacieux pour la prendre… Il fit tinter sa soucoupe sur le marbre de la table pour rappeler le garçon, solda la dépense.

— Ah ! v’là qu’i’ s’ fait tard, nous partons ?… Je vous ramène jusqu’à vot’ porte…

Il lui glissa son bras autour de la taille, ils allèrent enlacés par les rues noires. Devant la maison de la rue de Picpus, ils s’arrétèrent un moment, se dirent bonsoir, prirent rendez-vous pour une autre sortie. Elle posa son pouce sur le bouton de la sonnette, avec un lourd et sourd déclic, la porte s’ouvrit.

— Allons, bonne nuit, dit-elle…

Il s’approcha d’elle pour un dernier baiser, mais tout en l’embrassant il avançait d’un mouvement insensible et tout à coup il se trouva avec elle dans le vestibule de la maison. La porte sourdement se referma sur eux. Elle éprouva une telle surprise qu’elle faillit laisser échapper un cri. Il lui saisit la main, la lui serra avec force.

— Chut ! tais-toi… souffla-t-il, si les pip’lets nous entendent, on est r’fait… Laisse-moi monter avec toi… Il la poussait doucement devant lui ; elle avançait dans l’ombre, privée de toute force, de tout vouloir, son cœur battant si fort qu’elle en était essouffée,

À la porte vitrée de la loge, elle jeta un nom inintelligible et ils montèrent très vite, pressés de s’enfermer chez elle, tremblant d’être surpris. La porte de la chambre enfin close, ils s’assirent et respirèrent, puis elle alluma la lampe, tout en lui adressant tout bas d’hésitants reproches.

— Vous n’êtes pas fou d’être monté ici ? si jamais ça se savait… comment allez-vous faire maintenant pour sortir ?… Vous allez me mettre dans de beaux draps.

— T’en fais donc pas… Tu ne m’aim’s donc pas ? Qu’est-c’ qui t’ fait peur ?… Je sortirai comme je suis entré, pérsonne n’y pigera rien… Qu’on reste ensemble ce soir ou un autre, on y arriverait toujours ; alors pourquoi perdre du temps ?… Tu verras comme on s’aim’ra bien…

Il l’attirait sur ses genoux, la serrait, l’étourdissait de baisers et sournoisement il commençait de dégrafer son corsage. Elle essayait tardivement de résister.

— Non, laissez-moi, soyez gentil… Allez-vous-en, je vous en prie…

Mais il avait déjà découvert son cou, ses épaules ; il y