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m’ont visé deux ou trois fois avec la môme, rue Keller. Si jamais je pouvais les r’pincer, ces deux charognes-là…

Il en était là de ses réflexions, quand l’escalier craqua sous un pas alerte, puis la porte s’ouvrit et Mémaine apparut. M. Jojo en éprouva une surprise qu’il ne sut point dissimuler. Il se redressa s’assit sur le bord de son lit. Les traits durs, elle le regarda et elle eut un petit rire amer

— Tu ne m’attendais pas ? dit-elle, ma visite n’a pas l’air de t’enchanter… T’aimerais mieux sans doute que ça soye l’autre, ta poupée, ton numéro ? ben quand tu la verras, elle pourra te dire la pâtée qu’elle a reçue, si je lui secoué les puces…

« C’est égal, faut-il que tu soyes faux, menteur ; j’aurais jamais cru ça de toi… Pourquoi qu’ tu m’as fait ça, dis ?… T’avais assez d’ moi, fallait donc l’ dire, au lieu de m’ faire des boniments pendant que t’allais traîner avec une autre…

« Qu’est-ce que j’ t’ai fait ? T’as quelque chose à me reprocher ?… Depuis qu’on s’ connaît, jamais un autre homme ne m’a touchée ; c’est pourtant pas les occasions qui m’manquent, et c’est comme ça que tu me récompenses, faux-jeton, paillasson, sale type, sale type !…

Il songea qu’il valait mieux la laisser exhaler sa colère et il accepta ses invectives avec un haussement d’épaules résigné.

— Non, mais quoi, Mémaine, fit-il, t’es pas folle ? Qu’est-ce c’ qui t’ prend ?… Qui qu’ c’est qui t’a raconté ces histoires ?… On t’a monté l’ coup…

— Et puis quoi ? se récria-t-elle, tu m’ crois tout à fait tapée ; mais non, mon p’tit, je sais ce que j’ dis… T’as eu envie de cett’ môme, tu l’as prise, ça va bien ; t’aurais eu bien tort de t’ gêner. Mais je t’avertis qu’à l’avenir, je ne me gênerai pas non plus ; ça s’ra chacun son tour…

— Ah ! quoi, dis pas d’ bêtises, Mémaine, écoute-moi, tu sais bien que j’t’aime ; j’ n’ai jamais aimé personne comme toi… Oui, j’ai eu tort, mais y en a bien moins qu’ tu crois, y a pas de quoi fouetter un chat… J’ai rencontré la gosse au bal, un soir ; elle m’a barbé pour que j’y r’vienne et c’est tout… J’ l’ai jamais vue qu’ là ; tu vois que c’ n’est pas grave…

Elle sentait bien qu’il mentait, mais parce qu’elle l’aimait, elle ne demandait au fond qu’à se laisser convaincre. Il lui tendit les bras, voulut la prendre, mais elle le repoussa, se déroba.

— Non, laisse-moi, ne me touche pas… D’abord, je m’en vais… Va donc r’trouver l’autre, ta sale poule… Une blan-