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Tout chantait près de nous. Dans le calme et l’oubli
Les heures s’écoulaient. Pensif et recueilli,
Il prononçait de douces choses.
Les oiseaux paraissaient l’écouter en l’aimant,
Et la brise de mer inclinait doucement
Les figuiers et les lauriers-roses.

Pour lui plaire, j’avais des pendants de corail,
Des bijoux ciselés où scintillait l’émail,
Et mes habits de Procitane ;
Mais lui me souriant, disait : « Tous les trésors
Ne valent pas vos yeux. » Et j’étais fière alors
Et riche comme une sultane.

Oh ! que sa voix était sonore, et que j’aimais
Ses beaux cheveux bouclés, son grand front où jamais
Ne passait l’ombre d’un nuage.
L’entendre ainsi, le voir, accompagner ses pas,
C’était trop de bonheur pour une enfant. Hélas !
Il dut quitter notre rivage.


elvire

Elvire, dont le nom vibrait comme un accord
Dans ses vers pleins de douce et rêveuse tendresse,
Se rappelle ces chants qu’a respectés la mort,
Ces chants de bonheur et d’ivresse.

Le soir, lorsque la lune argente le vallon,
Lorsque des feux lointains s’allument dans la plaine.
Lorsque le laboureur trace un dernier sillon
Et que le vent n’a plus d’haleine ;

À cette heure de calme et de recueillement
Où l’on entend passer comme un adieu suprême,
Rêveur, il écrivait mélodieusement
Son mélancolique poëme.

Et Phœbé radieuse et les astres des nuits,
Dans l’azur suspendant leur course vagabonde,
Comme dans un miroir, scintillaient reproduits
Dans son ode claire profonde.