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LA GLOIRE DE LAMARTINE


Ce rêve de jeunesse, hélas ! n’eut qu’un matin,
Et quand je songe au soir, je rougis de moi-même.
Le doute, le remords, la honte, le chagrin
Devaient me torturer jusqu’au moment suprême.

jocelyn

Ô tendre confident de mes longues douleurs,
Lamartine, ta voix a chanté mon martyre.
Tu créas un poëme immense avec mes pleurs,
Et mon sanglot devint un accord sur ta lyre.

Tout ce que j’ai senti, tout ce que j’ai souffert,
Dans tes vers inspirés tu l’as fait transparaître,
Et ton génie a mis mon cœur à découvert,
Mon cœur, volcan profond sous ma robe de prêtre.

Sacrifice, devoir, lutte, renoncement !
Telle est la destinée humaine, et j’ai dû vivre
Solitaire, Laurence, et te fuir en t’aimant,
N’ayant qu’un seul espoir, la mort qui nous délivre.

Ô toi qui sus te vaincre et te sacrifier
Et lutter sans repos, Lamartine, ô mon frère,
Je t’apporte en pleurant ces branches de laurier,
Au nom des cœurs brisés qui souffrent sur la terre.



Scène Sixième

geneviève

Grand poëte, voici les fleurs
Que Geneviève, humble servante,
Vient vous offrir avec ses pleurs. —
Bien qu’elle ne fût pas savante,

Votre regard plein de bonté
Lisait dans son âme ravie,
Et votre plume a raconté
La simple histoire de sa vie.