Page:Marc - La Gloire de Lamartine, 1869.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
LA GLOIRE DE LAMARTINE

Et, puisque les mortels sont créés pour souffrir,
Le désert sans limite où nous devions mourir.


cédar

Oui, l’homme cherche en vain le bonheur sur la terre ;
Et celui dont l’esprit entrevit le mystère
Des âges primitifs, et qui, par ses accords,
Sut ranimer les os blanchis des peuples morts,
Peindre les grands aspects du monde à sa naissance,
Les végétations énormes, la puissance
Des éléments nouveaux se déchirant entre eux,
A voulu, dans ses vers sombres et douloureux,
Où vient se refléter sa tristesse profonde,
Montrer que le bonheur est banni de ce monde.



Scène Cinquième

RAPHAËL, JULIE, LAURENCE, JOCELYN
raphaël

Raphaël et Julie, et vous, âmes de feu,
Laurence et Jocelyn, maintenant purs et calmes,
Ensemble nous venons, dans un dernier adieu,
À ses pieds déposer nos palmes.

Car il créa pour nous un amour idéal,
Victorieux des sens, une union des âmes
Sereine et blanche comme un rêve matinal,
Vive et pure, comme deux flammes.

Grand poëte, mon cœur ardent s’est reflété
Dans cette œuvre inspirée où tu m’as fait revivre,
Et ton cœur apparaît, dans sa limpidité,
À chaque page de ton livre.

Je revois la maison paisible où je t’aimai,
Julie ! Et son étroit jardin plein de mystère,
Le sentier dans les bois, le vallon embaumé
Où j’étais au ciel sur la terre.