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Astres qui commandiez au iour de ma naissance,
Qui de me faire heureux auez eu la puissance
Quand vous vîtes du Ciel commencer le fuseau
Des Parques qui filoient autour de mon berceau,
Découurez moy si lors qu'elles firent ma trame
Vous versâtes le bien ou le mal dans mon ame ?
Proche de mon Midy, i'ay passé le matin,
Sans sçauoir où m’appelle à present le destin.
  Dois-ie suiure la Cour ou suiure la Iustice,
L’vne a peu de bonté, l’autre a trop de malice,
Et l’on n’a iamais veu naître vn vice nouueau
Que dedans vne Cour ou dedans vn barreau,
Le Louure & le Palais font pareilles écholes,
En l’vn & l'autre lieu se vendent les paroles,
Et les maîtres docteurs vous promettent souuent
Du bien & des honneurs, & vous baillent du vent:
Ne pouuant rendre ainsi mes libertez serviles,

Les châps me plaifent plus que ne font pas les villes,
Et pouuant m'exemter de Pvne ê Vautre loy,
le viuray déformais pour la Mufe & pour moy.
Mais quefert te Parnaffe^ vne mefme fanteine
Ne verfe Vor au coffre ê les vers dans la veine;
Les hommes ont blâmé ce langage des dieux.
Les Poètes difans quHlsfont venus des Cieux,
La terre na voulu leur donner départage,
Leur laiffant feulement à tous pour héritage
Des bois, vn mot, vn luth, vn antre & des lauriers ,