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Le ſein d’Amaranthe.
Mon eſprit qui touſiours d’vn vain eſpoir s’apaiſe,
Compare voſtre ſein, dont ie ſuis enuieux,
À des ieunes boutons, puis il dit à mes yeux,
Si vous les pouuiez voir ne mourriez-vous point
d’aiſe ?
Ainſi dans mon eſprit s’allume vne fournaiſe,
Et ſon feu ſe nourrit d’vn obiet gracieux,
Qui me fait conceuoir en tout & en tous lieux,
L’enfleure de ce marbre où fleurit vne fraiſe.
Enfin ſi voſtre amour demeure le vainqueur,
Et ſi iuſqu’à la mort vous pourſuiuez mon cœur,
Mon Amaranthe, au moins donnez-luy ſepulture.
Que ſi vous voulez ſuiure en cela mon deſſein,
Son tombeau n’aura pas vne autre couuerture
Que du marbre qu’on voit qui blanchit voſtre
ſein.