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divers représentants de notre espèce. Un curieux de physiognomonie, dont le nom m’échappe, antérieur à Darwin, a recherché les similitudes de la face humaine avec celles des bêtes ; il a signale des visages simiesques, léonins, canins, moutonniers, aquilins, etc., expressifs de qualités, morales communes à l’homme et aux animaux. Cette conception, si hardie qu’elle soit, est moins invraisemblable que la tradition biblique. Mais il n’est pas nécessaire d’aller jusque-là pour tirer parti de l’explication darwiniste ; il n’est pas nécessaire de considérer dès l’origine et dans tout le cours de la formation des espèces l’influence de la concurrence vitale sur la différenciation des caractères entre les individus. Il suffit de noter cette influence dans l’humanité à partir de l’état patriarcal. Les rapports sociaux étaient alors beaucoup moins complexes qu’aujourd’hui et par suite les caractères individuels, qui s’y adaptaient, différaient beaucoup moins les uns des autres. Plus tard ces rapports se sont progressivement compliqués et