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Sous divers titres (Maximes, Pensées, etc.), les recueils d’observations détachées, sans lion préconçu, faites au jour le jour par leurs auteurs sur eux-mêmes et sur autrui, en un mot par des hommes sur l’homme, se sont, depuis La Rochefoucauld, multipliés comme si la source en était inépuisable. Quelle en est donc la source ? D’où dérive cette variété, qui semble infinie, dans les manières d’être individuelles observées chez l’espèce humaine ? D’après la Bible, qui fait autorité pour tous les croyants judéo-chrétiens, les hommes des cendraient tous d’un seul couple, et les deux premiers-nés de ce couple, Caïn et Abel, auraient aussitôt différé entièrement de moralité, de penchants et d’aptitudes. Mais une pareille doctrine n’est-elle pas inconciliable avec la loi, reconnue sans conteste, de l’hérédité ? Assurément les deux frères tenaient de leurs parents ce qui définit la nature humaine en général ; mais de qui chacun d’eux tenait-il les caractères particuliers de cette nature, contraires en lui à ceux qu’elle affectait en