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pour s’ériger, comme d’autres, en exception, pour se faire valoir auprès du lecteur par la perspicacité de sa critique des mobiles d’autrui, à la tentation de se donner par le mépris un air de supériorité. Non, il reconnait de précieuses nuances dans l’incontestable tendance de l’homme à n’agir qu’en vue de sentir, en vue de son propre bonheur tel qu’il le conçoit, car il, le conçoit parfois sous la forme du sacrifice, ce qui n’est pas à l’égard d’autrui la même chose que de le concevoir sous celle du vol ou du meurtre. S’il est impossible à l’homme de se désintéresser absolument, du moins impliquer dans son intérêt propre celui d’autrui, faire de l’intérêt d’autrui le sien et le faire librement, cela suffit à distinguer notre espèce de celles où l’individu n’agit que par aveugle impulsion et que pour soi. Dans bon nombre de ses Remarque et Pensées, M. Marbeau reconnaît implicitement le libre arbitre en exhortant l’homme a exercer le privilège supérieur de pouvoir mettre son égoïsme au service des autres en l’utilisant pour eux sans