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ductible. C’est qu’une déduction logique risque d’être faussée par l’omission d’une seule des données qui en fournissent les prémisses ou par une paille dans quelque anneau de sa chaîne, tandis qu’une intuition, c’est-à-dire une idée immédiate, que rien ne sépare de son objet, ne court pas le même péril. À cet égard, le désintéressement se trouve sur le même plan que le libre arbitre et subit les mêmes vicissitudes dans la spéculation philosophique.

L’attitude prise par M. Marbeau devant ces questions litigieuses est fort prudente et d’une modération qui inspire confiance. Il a rangé ses Remarques et Pensées selon leurs analogies dans un ordre qui permet d’en saisir l’esprit général. Au premier abord, si l’on n’en considère qu’un certain groupe, on serait tenté de croire qu’il, a adopté le point de vue simpliste de La Rochefoucauld et ne voit que l’égoïsme au fond des actes et des sentiments humains, que cet unique mobile les explique tous à ses yeux. Tant s’en faut en réalité ! Il n’a pas cédé à la tentation d’avilir la nature humaine