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le charme de l’histoire

un perroquet nommé Vert-Vert. Le public est charmé par les « beautés de détail de cet ouvrage ingénieux » ; mais il apprend avec surprise que c’est un membre de la Compagnie de Jésus qui tourne ainsi en badinage, sinon la religion, du moins les choses religieuses. Bientôt le bruit court que les Jésuites font sous main racheter le livre, et que, sur la plainte des Visitandines, ils ont envoyé le P. Gresset en pénitence dans un couvent de province ; puis, quand Le Carême impromptu et Le Lutrin vivant leur ont prouvé que le jeune poète est incorrigible, ils l’invitent à quitter la Compagnie. Gresset, pour ses adieux, fait l’éloge de ses anciens maîtres dans une épître en vers où le public, « qui veut entendre finesse à tout, ne voit qu’une ironie » ; il prend l’habit séculier, obtient qu’on rétablisse en sa faveur le titre d’Historiographe du Roi et de la Ville qu’avait autrefois possédé San­teul, et, assuré désormais d’un revenu de 1,500 livres, il donne libre cours à sa verve poétique.

Marivaux a déjà conquis une certaine renommée, car il voudrait être de l’Académie française ; mais son style et sa manière sont peu goûtés. « L’un des membres glorieux de cet illustre corps » dit à Dubuisson : « Notre métier est de travailler à la composition de la langue, et celui de M. de Mari­vaux est de travailler à la décomposer ; nous ne lui refusons pas l’esprit, mais nos emplois jurent