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la taxe des pauvres à abbeville

pourvu aux besoins momentanés en vue desquels elle avait été créée, elle cessa d’exister. L’état social qui l’avait motivée n’avait cependant pas changé, et, quinze ans après, de nouvelles calamités ayant sévi sur la contrée, on se décida à y revenir.

Le procureur général au Parlement de Paris requit la publication et l’exécution à Abbeville de l’article 73 de l’ordonnance de Moulins et d’un arrêt du Parlement du 12 juin 1580, portant « Règlement pour la nourriture et l’entretènement des pauvres ».

Avant de réunir les trois ordres, le maire de la ville les appela à délibérer séparément. La noblesse et le tiers-état acceptèrent le principe de la taxe obligatoire. Le clergé seul le combattit, voulant laisser à la charité chrétienne, avec la liberté, tout le mérite de l’aumône volontaire. Mais les trois ordres furent d’accord pour reconnaître la nécessité de constituer un bureau des pauvres permanent. L’assemblée plénière fut tenue le 22 juillet 1580. Nous y retrouvons en petit la grande querelle de 1789 sur le vote par tête et le vote par ordre ; la noblesse refusa d’y assister, parce qu’elle craignait d’y être soumise au vote par tête. La décision fut prise malgré son absence, conformément d’ailleurs à l’avis qu’elle avait séparément émis.

Le « Bureau des Pauvres » fut composé de membres pris indifféremment dans les trois ordres, élus par leurs pairs, ne pouvant, sous peine d’amende,