Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
352
le charme de l’histoire

municipalités elles-mêmes donnèrent aux échevins des villes, aux marguilliers des paroisses, ou à des établissements spéciaux créés sous le nom de Bureaux des Pauvres, le droit de lever sur tous les habitants, sans exceptions ni privilèges, des taxes d’aumônes pour les pauvres. Ces prescriptions furent résumées et définitivement étendues à toute la France en 1566 par l’article 73 de la célèbre ordonnance de Moulins : « Ordonnons que les pauvres de chacune ville, bourg, village, seront nourris et entretenus par ceux de la ville, bourg ou village dont ils sont natifs et habitants, sans qu’ils puissent vaguer et demander l’aumône ailleurs qu’au lieu où ils sont. Et à ces fins les habitants seront tenus à contribuer à la nourriture desdits pauvres selon leurs facultés, à la diligence des maires, échevins, consuls et marguilliers des paroisses. » Cette disposition resta en vigueur jusqu’à la Révolution ; des ordonnances spéciales la rappelaient aux villes, en confirmaient ou en modifiaient les conditions d’exécution chaque fois que des circonstances particulières appelaient de nouveau l’attention de l’autorité royale sur la misère publique, sur la mendicité ou le vagabondage.

La taxe des pauvres répondait si bien aux idées du xvie siècle que plusieurs villes avaient devancé les dispositions des édits.