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le charme de l’histoire

l’avenir !… Orienter la volonté dans cette âme raisonnable, religieuse et perfectible que Dieu a donnée à l’enfant n, et qu’elle définissait si bien quand elle citait ce mot d’un enfant à sa mère : « Mon âme, c’est avec quoi je t’aime ! » Elle leur apprenait à tirer des moindres incidents d’une Salle d’Asile la matière d’une leçon qui, pour frapper l’attention de l’enfant et pour mériter d’être retenue, doit toujours contenir un enseignement moral. « C’est, disait-elle, la philosophie des choses qui les rend intéressantes ; sans cette pensée morale, les faits par eux-mêmes ne sont rien. Il faut les tirer du domaine de l’abstraction, les rendre vivants et animés. » Une autre école a préconisé le travail attrayant, pour· obtenir l’attention facile ; le procédé de Mme Pape-Carpantier n’était pas tout-à-fait le même : c’est le cœur qu’elle cherchait à mettre en jeu. « Nous ne valons, disait-elle, qu’autant que nous aimons » ; et elle voulait « que les enfants aimassent tout ce que Dieu a fait dans le monde. » Elle avait remarqué qu’ils s’intéressent naturellement aux animaux plus qu’aux choses. Pourquoi ? Les animaux ont la vie, et on peut les aimer. Pour appeler l’attention sur les choses, il faut les faire aimer ; pour les faire aimer, il faut y montrer la vie, en dégager la signification morale. De cette réflexion sont nées les Leçons de Choses. Dans ses cours aux futures directrices, Mme Pape-Carpantier