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denys cochin

rue ; elles savent aussi, ce qu’oublient peut-être les universitaires, qu’avant même de devenir matière scolaire et d’avoir besoin de l’instruction, l’enfant a besoin de soins matériels et moraux, d’un commencement d’éducation ; il y a en lui un futur citoyen dont il ne faut pas livrer la santé et la vie aux périls de l’abandon, il y a une âme qu’il ne faut pas laisser s’atrophier.

Si les idées que depuis quelque temps nous voyons poindre viennent à prédominer ; si ce n’est plus « qu’à contre-cœur n que les autorités scolaires « se résignent à ouvrir les portes des Écoles maternelles à des enfants de deux à quatre ans »[1], il faudra vraiment dans quelques années recommencer l’œuvre d’Oberlin, de Mme de Pastoret, de Denys Cochin, et inventer de nouveau les Salles d’asile.

Tandis que je suivais pas à pas les phases diverses de l’œuvre à laquelle Denys Cochin a attaché son nom, que je voyais ses débuts humbles et contestés, que j’admirais combien il faut de patience et de sacrifices pour faire accepter une institution qui doit un jour être bénie de tous, ma pensée se reportait involontairement sur un autre homme de bien dont le caractère et la carrière offrent avec ceux de Cochin plus d’un point de ressemblance, et qui, quelques années plus tard, s’avançant plus loin

  1. Dict. de Pédagogie, loc. cit.