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denys cochin

mieux entendus et des maîtres présentant plus de garanties que des bonnes insuffisamment surveillées ». Les inventeurs ont ceci de commun avec les auteurs et avec tous les pères qu’ils soit facilement portés à exagérer les mérites de leur création, et cinquante années d’expérience paraissent avoir condamné sur ce point la pensée de Cochin. Ne nous hâtons pas cependant de lui donner définitivement tort. Je lisais dernièrement dans un rapport adressé à notre ministre de l’instruction publique, à la suite cl’une mission officielle, qu’aux États-Unis un grand nombre de Jardins d’enfants sont destinés aux familles aisées ; à Boston seulement, il y en a douze de ce genre sur une quarantaine d’établissements qui existent dans la ville ou dans la banlieue[1]. Et, sans même traverser l’Atlantique, ne voyons-nous pas à Paris, depuis quelques années, s’établir des maisons spéciales où les mères les plus tendres envoient leurs babies, à peine âgés de quatre ou cinq ans. Là, ces petits diables qui, dans l’appartement, étaient insupportables et désobéissants, parce qu’ils y manquaient d’air, d’espace et de camarades, deviennent heureux, bien portants et sages ; par surcroît, l’émulation vient s’emparer

  1. Rapport de Mme  Loisillon, inspectrice générale des Salles d’asile.
    Les chiffres donnés dans ce rapport ne concordent pas complètement avec ceux de la statistique officielle du Bureau de l’éducation de Washington pour 1883.