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granvelle aux pays-bas

souvent une femme, sa sœur ou sa tante, qui s’ap­pelait Marguerite d’Autriche ou Marie de Hongrie sous Charles-Quint, Marguerite de Parme sous Philippe II. lais le droit féodal avait un correctif, c’étaient ces Chartes, véritables traités passés entre le prince et ses sujets, qui, différant pour chaque province suivant ses mœurs ou suivant ses exigences et sa force, garantissaient à chacune d’elles, sous le nom de privilèges ou de franchises, quelques-unes de ces libertés qui nous semblent aujourd’hui le droit naturel et incontestable d’une population. Grâce à ces Chartes, l’Espagne pouvait, sans trop d’inconvénients, être gouvernée par un Flamand comme Charles-Quint, et les Flandres par un Espagnol comme Philippe II. La souveraineté passait au nouveau maître avec ses avantages politiques, avec le produit des impôts et les forces militaires ; mais l’administration locale, les coutumes aimées qui font la vie de tous les jours, et qui, plus que la politique, touchent les intérêts immédiats et les passions du peuple, tout cela ne changeait pas, quel que fût le nouveau souverain. Rome autrefois connaissait cette condition nécessaire des dominations lointaines. Quand elle avait vaincu une cité et qu’elle voulait en rester maîtresse, elle lui imposait une formule qui réglait le tribut à payer et les rapports avec la métropole ; mais elle respectait ses usages et ses Dieux ; elle