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la rochefoucauld et la comtesse diane

touche à la fortune, aux moyens de l’acquérir, à la manière de l’employer, est devenu plus grave. Chacun, se sentant moins haut, redoute plus de s’abaisser. Les Maximes de la vie témoignent de cet état d’esprit ; elles reflètent des préoccupations et, nous le verrons aussi, des délicatesses dont ne s’était pas avisé La Rochefoucauld.

La Comtesse Diane parle souvent de la richesse, de la pauvreté, de la ruine. Elle ne dit pas, comme La Rochefoucauld, qui ne comprenait point que l’on pût vivre sans un grand train de maison, que la richesse donne la considération et que la pauvreté avilit ; elle dit simplement, en quelques mots d’une énergie saisissante : « La richesse rend tout facile, d’abord l’honnêteté » (42). Elle décrit avec une ironie sereine ces sentiments terre-à-terre que chacun de nous a maintes fois eu l’occasion d’observer… chez les autres : « La bravoure et le désintéressement sont les deux qualités que nous admirons davantage, sans doute parce qu’elles mettent en péril les biens qui nous sont les plus précieux : la vie et l’argent » (95). — « Nous croyons toujours que nos amis nous préfèrent à leur intérêt ; nous le croyons…, jusqu’au jour où nous avons des affaires d’intérêt avec nos amis » (110). — « Les parents pauvres sont toujours des parents éloignés » (Glanes de la vie, p. 61).

Elle a observe avec une attention particulière les