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granvelle aux pays-bas

fils, royaume à royaume, le faisceau des États que le hasard des héritages et la fortune des armes avaient successivement réunis sous sa domination, il lui recommanda Granvelle comme le plus sûr et le plus habile des conseillers dont il pouvait s’entourer. On sait qu’il fit à Bruxelles, le 25 octobre 1555, le premier de ses actes d’abdication. Appuyé sur le bras du jeune Guillaume d’Orange, alors son favori, entouré de ses deux sœurs, la reine de France et la reine de Hongrie, il renonça solennellement, en présence des Flamands assemblés, à la souveraineté de la Franche-Comté et à celle des Pays-Bas. Ses sanglots l’empêchèrent d’achever ses recommandations à son fils. Celui-ci était moins ému ; on se résout plus aisément à monter sur un trône avant l’heure qu’à en descendre ; pourtant il s’excusa de ne pas répondre lui-même dans une langue qui lui était peu familière, et ce fut Granvelle qui exprima en son nom ses sentiments à ses nouveaux sujets et au vieil empereur. Quatre ans après, Philippe quitta les Flandres et retourna dans l’Espagne où il était né, qu’il aimait, et dont il ne voulut plus sortir. Il confia la Régence des Pays-Bas à sa sœur naturelle, Marguerite de Parme, et ce fut encore Granvelle qu’il chargea de présenter aux États-Généraux la nouvelle gouvernante ; ce fut lui dont ses instructions secrètes prescrivirent à Marguerite de suivre les avis.