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les contes de perrault

Lequel de ces deux biens est le plus enviable pour une femme ? S’il est vrai que l’amour, c’est la vie, comme le disent les poètes (et tout homme n’est-il pas poète quand il aime ?), la beauté est le don suprême, car c’est elle qui fait naître l’amour. L’esprit à lui seul ne suffirait pas même pour faire naître l’amitié ! Il faut se garder pourtant de lui refuser tout mérite : la beauté passe vite ; l’amour fuit plus vite encore quand il est désabusé ou seulement rassasié ; l’esprit conserve toujours son prestige et retient sous son charme ceux qu’il a une fois attirés. Sans que Perrault ait besoin de nous le dire, nous ne doutons pas que Riquet n’ait le premier cessé d’aimer. Il se sera aperçu que la princesse était bête avant qu’elle n’ait réfléchi qu’il était décidément bien laid.


Quelques-uns des contes recueillis par Perrault se retrouvent chez presque tous les peuples. Depuis que l’étude des littératures populaires est devenue une mode, que partout des érudits, des sociétés spéciales recherchent, recueillent, commentent les vieux fabliaux et les vieilles légendes, de nombreuses variantes en ont été publiées[1]. Chaque peuple,

  1. Nous citerons notamment :
    Les Contes populaires de la Grande-Bretagne (Hachette, 1875), ou M. Loys Brueyre a réuni un grand nombre de contes recueillis en Angleterre, en Écosse et en Irlande par les folkloristes du Royaume-Uni. Il y a ajouté une in-