Page:Marbeau Le charme de l histoire 1902.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
le charme de l’histoire

chienne de la princesse, qui est à son poste, sur le lit de sa maîtresse. Ce dernier trait, il faut en convenir, n’est pas particulier à la Cour de Louis XIV. De tous temps princesses, marquises ou humbles villageoises, ont aimé à sentir leur petite Pouffe sur le pied de leur lit. Le chien, ce fidèle ami de l’homme, se retrouve à côté de lui dans les contes comme dans la poésie et dans l’histoire, parce qu’il y est dans la vie. Les malheureux enfants d’Édouard avaient auprès d’eux leur petit chien quand arrivèrent les sicaires de Richard III, et dans l’Odyssée, chaque fois que Télémaque sort de son palais, la lance au poing, le bon Homère n’oublie pas de nous dire : « Il n’est pas seul, ses chiens l’accompagnent ».


Le roi du Chat botté est un peu différent de celui de la Belle au bois dormant. C’est vraiment un bonhomme de roi, pas du tout solennel. Il aime les cadeaux, comme tous les rois qui, d’ailleurs, sous ce rapport, ressemblent assez au reste des hommes ; mais il se contente de peu : un lapin de garenne, une couple de perdrix lui font plaisir. Saluons en passant ce souvenir des vieilles usances dont nous retrouvons encore de nos jours quelques traces dans les campagnes. Quand un paysan veut faire sa cour au grand propriétaire, remercier son avocat ou son médecin, se concilier les bonnes grâces de son juge, précaution qu’il persiste à croire nécessaire comme