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le charme de l’histoire

nement l’approbation et par conséquent, dans une certaine mesure, la responsabilité de ce que fait cette association. Aussi la première condition que l’on soit en droit d’exiger d’une œuvre qui sollicite l’existence légale, c’est de n’avoir à aucun de ses degrés rien de caché, c’est d’agir ouvertement et publiquement.

« La Franc-Maçonnerie, au contraire, a toujours eu et a encore aujourd’hui pour trait caractéristique le secret. C’est un souvenir de son existence primitive, du temps où elle était proscrite, où elle luttait contre les idées reçues et contre les pouvoirs établis. Dans ces temps d’ignorance et de trouble, elle était le refuge d’individualités qui se sentaient trop faibles si elles restaient isolées et qui cherchaient dans les liens d’une assistance mutuelle une protection contre l’impuissance, ou même contre l’oppression des pouvoirs publics. À cette époque il y avait danger à en faire partie ; le secret était donc la condition nécessaire de·son existence. Mais ce secret ne s’explique plus aujourd’hui, si les vérités maçonniques qui sont graduellement et mystérieusement révélées aux initiés sont simplement ces principes de tolérance religieuse, d’égalité sociale, de liberté politique, de fraternité entre les hommes, qui peuvent être professées ouvertement, puisqu’elles sont devenues les bases élémentaires et incontestées de la civilisation actuelle. Le secret n’a plus de raison d’être si le