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le grand orient

toujours le droit de la faire connaître, et même celui de chercher à la faire prévaloir malgré l’avis différent de la section.

Le bruit de cette affaire se répandit dans le Conseil d’État. La question était assez intéressante par elle-même pour éyeiller l’attention ; puis l’âpreté de M. Thuillier, sa violence contre le rapporteur, étaient tout à fait en dehors des traditions courtoises et amicales du Conseil. Enfin plusieurs conseillers d’État, membres de la section de l’Intérieur, qui s’étaient trouvés absents le jour de la discussion, et notamment M. de Bussières, protestèrent que, s’ils eussent été présents, le rapporteur eût été soutenu ; ils demandèrent que le projet ne fût pas discuté en leur absence par l’Assemblée générale. Aussi l’affaire, quoique de suite inscrite à l’ordre du jour, resta-t-elle plusieurs semaines sans être appelée.

Pendant cet intervalle M. Baroche me fit demander. Il m’expliqua qu’il fallait que le décret fût adopté. Il m’en donna les raisons ; raisons politiques, et raisons personnelles au maréchal, qui ne voulait pas échouer dans le premier acte de sa présidence. Je me permis de lui répondre que, sans méconnaître la gravité des considérations qu’il m’exposait, je persisterais à combattre le projet. J’ajoutai que je ne me faisais aucune illusion sur le résultat de ma résistance ; mais je tenais à dégager