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le charme de l’histoire

S’il veut l’égalité des partages dans les successions, c’est parce qu’il la considère comme la conséquence naturelle des institutions démocratiques ; s’il propose de maintenir le divorce, c’est en le présentant, non comme une institution destinée à rester la condition permanente et normale de la Société, mais comme un remède temporaire, rendu momentanément nécessaire par dix années de révolutions pendant lesquelles le relâchement des mœurs et le trouble des esprits avaient multiplié les unions mal assorties. Il se tient en garde contre « la manie des réformes, si dangereuse quand elle s’empare d’une âme honnête, mais tourmentée d’une soif immodérée de perfectibilité »[1]. Il explique que si la Constituante a échoué dans plusieurs de ses tentatives, c’est parce qu’elle n’a pas suffisamment su se tenir en garde contre l’enthousiasme du bien, et parce qu’elle a considéré les hommes, non tels qu’ils sont, mais tels qu’il serait à désirer » qu’ils fussent »[2].

Voilà le langage d’un véritable législateur. C’est parce que Treilhard a apporté à la rédaction de nos Codes ces vues élevées et sages qu’il a contribué à en faire des monuments durables, et qu’il a droit à la reconnaissance de la France.

Président de la Cour d’appel de Paris, président

  1. Exposé des motifs du Code de procédure civile, p. 3.
  2. Exposé des motifs du Code pénal, pp. 2 et 5.