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le charme de l’histoire

de quelques toises de terrain sans valeur ; mais il avait des intendants, des gens d’affaires, qui revendiquaient ses droits avec une passion et une âpreté qu’il n’eût probablement pas témoignées lui-même. C’étaient eux qui avaient arraché à la faiblesse ou à l’inattention des Consuls un acte semblant reconnaître ces droits ; c’étaient eux qui, désespérant de gagner le procès devant le Présidial de Brive, venaient de le porter devant le Parlement de Paris, en vertu d’un privilège qui nous semble étrange aujourd’hui, que l’on appelait droit de Committimus, et qui permettait à certains personnages, notamment aux ducs et pairs, de ne plaider que devant une juridiction royale ; c’étaient eux que la colère des Brivistes accusait d’avoir envoyé à Paris un agent spécial, chargé de suivre le procès et de visiter les juges, comme nous savons par les mémoires de Beaumarchais que c’était l’usage à cette époque.

En réponse à leurs factums, Treilhard rédigea en 1769 et 1770 plusieurs mémoires pleins de logique, de vigueur, et parfois d’éloquence, où nous voyons avec intérêt se dérouler toute l’ancienne histoire de Brive, et tout le moyen-âge revivre sur un coin du territoire ; où nous voyons aussi le xviiie siècle élever sa protestation indignée contre le souvenir du droit féodal, encore vivant dans les lois, et déjà condamné par l’opinion. Brive nous apparaît avec