nuèrent ensemble, à pied ou par le coche, leur route vers Paris, et se confièrent leurs rêves d’avenir. L’un d’eux venait de Montpellier ; il étudiait la médecine, et il prétendait être un jour membre de l’Académie des sciences. Un autre, né à Valréas, près d’Avignon, portait le petit collet ecclésiastique et se voyait déjà prédicateur de la Cour ; Treilhard était le troisième ; pour lui, son ambition était de devenir avocat-général.
Lorsqu’en approchant de Paris ils aperçurent les tours de Notre-Dame, le bourdon sonnait à toute volée :
— « Entendez-vous cette cloche, dit Treilhard à l’abbé Maury ? Elle annonce que vous serez archevêque de Paris !
— » Probablement quand vous serez ministre, répliqua Maury en riant.
— » Eh moi ! que serai-je ! s’écria Portal ?
- » Vous, vous serez premier médecin du roi ».
L’anecdote n’a été racontée qu’après que les trois prophéties se furent réalisées ; mais elle est si jolie, qu’il serait dommage qu’elle ne fût pas vraie. Elle est d’ailleurs en parfait accord avec l’opinion que Treilhard avait de son avenir : s’il faut en croire ses biographes, tout enfant il avait déclaré à ses parents qu’il serait puissant un jour. Son extérieur pourtant ne laissait pas pressentir ses hautes destinées. Ses contemporains le présentent comme ayant