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de ces familles bourgeoises dont on a pu dire qu’elles formaient alors l’aristocratie morale et intellectuelle de la France ; où* était héréditaire, avec la pratique des vertus privées, le culte du droit, des lettres, de la philosophie, et pour lesquelles la gestion des intérêts municipaux était la récompense d’une vie de travail et d’honneur. Dominique Treilhard, qui fit construire la maison à tourelles, était consul de la ville en 1580. Après lui, ses descendants furent tous, je crois, successivement investis des honneurs consulaires.

Le père du futur rédacteur du Code civil était avocat au présidial de Brive, comme l’avaient été, avant lui, trois générations de Treilhard ; les anciens actes le qualifient avocat au Parlement et co-sei­gneur de Jayac. C’était un homme éclairé, ami du progrès, préoccupé des problèmes sociaux qui s’agitaient à cette époque. Lorsque Turgot entreprit en 1761 les réformes célèbres qui transformèrent le Limousin, Jean Treilhard devint son ami et son auxiliaire à Brive ; il fut l’un des membres les plus zélés de la Société d’agriculture que Turgot avait organisée, et l’on a conservé le souvenir de ses travaux sur la suppression des taxes locales, la production des céréales, les mines de houilles de Saint-Pantaléon, etc.

Le collège de Brive, alors dirigé par les Pères Doctrinaires, était renommé pour sa bonne tenue