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dufort de cheverny

école d’équitation, où il a attaché les meilleurs écuyers, il avait envoyé un de ses palefreniers et un de ses quarante chevaux pour l’attendre à Blois, d’où il s’était rendu dans sa terre de Chaillou, afin de tâcher de recouvrer 12,000 livres d’arriéré qui lui sont dues. Il y a passé six jours et rapporte à grand peine 700 livres » (II. 372). Dufort dut être d’autant plus surpris du costume et du nouveau genre de vie du citoyen Amelot que lui-même n’avait jamais été ce que l’on appelait alors à la hauteur. « Nous avions toujours vécu avec l’aisance de notre rang, dit-il… Nous ne nous étions sali avec personne ; les mots de citoyens, de solides mâtins, les tutoiements nous étaient étrangers. Jamais nous n’avions arboré de ces accoutrements civiques que tous mettaient alors ; nous étions habillés, poudrés, vêtus comme dans l’ancien régime, montrant de la bonté à tout le monde, mais jamais aucune familiarité » (II. 212). On croit voir se promener paisiblement dans les grandes allées du parc de Cheverny, qu’ils allaient hélas ! bientôt quitter, ces deux bons vieillards portant encore leur costume des anciens jours, saluant avec grâce les paysans qu’ils avaient vus naître, et qui se découvraient respectueusement devant eux.

Pendant les premiers moments de réaction qui suivirent le 9 thermidor, les Terroristes furent