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reçu avec les plus grands applaudissements ; et après les compliments d’usage, il a été élu, par acclamation, président d’honneur.

« C’est une chose bien extraordinaire que des ministres deviennent citoyens ! Ah ! l’anéantissement du despotisme, en ruinant leur crédit, les ramènera nécessairement à l’égalité ; et s’ils dominent désormais sur leurs semblables, ce ne sera pas par l’exercice d’un pouvoir tyrannique, mais par la pratique de toutes les vertus publiques et privées.

« Ce qu’il y a surtout à remarquer dans l’acte civique que vient de faire M. le premier ministre des Finances, c’est « qu’il a prié son district de lui faire connaître tous les écrits qui ont été ou qui seront publiés contre lui, afin qu’il puisse y répondre et se justifier ». Cette noble résolution a été vivement applaudie. »

Lettre de M. Marat, l’ami du peuple,
à M. Necker, premier ministre des finances.

De Versailles, le 23 octobre 1789.

Vous l’avouerai-je, Monsieur, cette démarche, si exaltée par d’honnêtes folliculaires, n’est à mes yeux qu’un petit coup d’adresse, un raffinement de politique ; et, comme le disent les bonnes gens, un trait de Jésuite.

Quoi qu’il en soit, vous venez de consacrer mes principes par cette démarche d’éclat : vous venez de reconnaître solennellement que c’est au tribunal du public seul, que les agents[1] du pouvoir doivent se justifier des inculpations

  1. M. de Saint-Priest, ministre de Paris, s’était déjà soumis à ce tribunal, dès le 12. Dénoncé à l’Assemblée nationale par le comte