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MARAT, L’AMI DU PEUPLE, À SES CONCITOYENS LES ÉLECTEURS

(10 septembre 1792)

Depuis quatre années que j’exerce les fonctions de censeur public pour le salut de la patrie, j’ai démasqué une foule de traîtres et de conspirateurs. Dans le nombre des ennemis de la liberté couverts d’un masque civique qui m’étaient dénoncés, il est possible que quelques hommes équivoques, quelques innocents même dont le civisme était mal prononcé, aient été confondus dans la foule. Quel que soit mon respect pour l’innocence et mon amour pour la vérité ; quelque soin que j’aie pris de prévenir mes correspondants de signer dûment leurs dénonciations ; quelque attention que j’aie eue de rejeter celles qui étaient anonymes ; comment du fond des souterrains où j’ai été si longtemps condamné à vivre, aurais-je pu me procurer tous les renseignements convenables pour n’être jamais induit en erreur ? Que me restait-il donc à faire que de me rétracter aussitôt que l’équité m’en faisait un devoir ? Ce devoir sacré, je l’ai rempli constamment, même à l’égard des citoyens les moins dignes ; les feuilles de l’Ami du Peuple en font foi, car il est dans mes principes de rendre justice même au diable. D’après les motifs qui ont dirigé mes dénonciations et les mesures que j’ai prises pour arriver au