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M. L. R. R. : nous espérons bientôt délivrer la famille royale de l’esclavage. Je vous fais part d’un mot du traité entre le Roi de Prusse et l’Empereur. Ce traité consiste en ce que le Roi de Prusse marchera avec toutes ses forces ; l’Empereur lui laisse les Pays-Bas, et le pillage est promis à ses troupes dans les endroits révoltés, surtout à Paris. Ce n’est que dans ce dessein qu’il marche avec nous ; selon le projet qu’il nous présente, nous ne pouvons que réussir, si nous ne sommes pas trahis. J’ai reçu la lettre en question de Messieurs de l’Assemblée, qui nous marquent de prendre un peu de patience, jusqu’à ce que les factieux aient passé leur fureur ; que les choses vont bien pour nous, car ils n’ont point d’armes et de munitions ; qu’aussitôt que leur fureur sera passée, ils nous feront dire ce qu’il convient. Le décret est passé pour les ornements d’églises et les cloches sont à bas. Monsieur F. 82 R. nous a promis qu’il s’arrangerait. Je vous prie d’y passer vous-même pour lui remettre la lettre que vous trouverez ci-incluse. Mandez-moi si Madame R. 10 C. peut voir la Reine, vous lui ferez passer cette petite lettre de la part de M. C. D. : c’est la seule chose que je vous demande ; tenez un profond secret et ne gardez aucune de mes lettres. Vous donnerez de mes nouvelles à M. Lahr M. Mas.

Signé : A. R. R.

Trahis par les suppôts de la cour, nous le sommes encore par la majorité gangrenée de l’Assemblée nationale elle-même. Si elle n’était pas d’intelligence avec nos ennemis, serait-elle si tranquille à leur approche ? À la vue du sang des traîtres que fait couler la justice du peuple, chercherait-elle encore à le leurrer ? Si elle n’avait pas le dessein de gagner du temps, jusqu’à ce que le fatal moment soit arrivé, enverrait-elle des commissaires à toutes les sections pour les séduire ? Chercherait-elle à élever une barrière entre les sections et le peuple et à les soulever contre lui,