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folle ambition, s’agite en ce moment pour presser leur départ. En le voyant de la sorte favoriser aveuglément les vues perfides des contre-révolutionnaires, on le croirait secrètement vendu aux ennemis de la patrie, d’autant plus qu’il cherche à séduire les nouveaux gendarmes, en leur promettant d’avance le paiement de leur premier quartier. Mais j’ose espérer que son cœur est pur, bien qu’agité par de petites passions indignes d’un véritable ami de la liberté. Quoi qu’il en soit, j’augure trop bien du civisme de nos chers frères les fédérés et les gardes-françaises, pour craindre un instant qu’ils se laissent prendre à ce piège ; ils doivent sentir que leur poste est à Paris, où leur présence est indispensable. Que l’Assemblée nationale ne se flatte pas de nous les enlever par son perfide décret nocturne ; si elle croit devoir former un camp loin de Paris, qu’elle y envoie les compagnies de grenadiers et de chasseurs de tous les bataillons suspects, dont nous nous passerons à merveille.

Citoyens, c’est de vous seuls que dépend votre salut : chassez de la municipalité provisoire les ennemis de l’égalité qui s’y sont produits à découvert dans la séance du 25 ; n’oubliez jamais que, dans les temps de crise alarmante, le salut public est la loi suprême de l’État, et que votre devoir est de fouler aux pieds les décrets suspects ou funestes de vos représentants, lorsqu’ils se sont montrés si longtemps indignes de votre confiance.

Ce 28 août 1792.
Marat, l’ami du peuple[1].


  1. À Paris. De l’imprimerie C. J. Gelé, imprimeur de la Gendarmerie Nationale, rue de la Harpe, no 173.