Page:Marat - Les Pamphlets, 1911, éd. Vellay.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DÉNONCIATION CONTRE MALOUET

(Août 1790)

L’émotion soulevée par la publication de C’en est fait de nous fut énorme. Camille Desmoulins lui-même s’éleva avec force contre ce pamphlet, parce que Garran de Coulon s’y trouvait personnellement attaqué[1]. Dans la séance de l’Assemblée nationale du samedi soir 31 juillet, Malouet dénonça simultanément C’en est fait de nous et le numéro 35 des Révolutions de France et de Brabant[2]. Après discussion, l’Assemblée décréta « que, séance tenante, le procureur du roi au Châtelet sera mandé, et qu’il lui sera donné ordre de poursuivre, comme criminels de lèse-nation, les auteurs, imprimeurs, colporteurs d’écrits excitant le peuple à l’insurrection contre les lois, à l’effusion du sang et au renversement de la constitution[3] ». Dans la séance du 2 août au soir, l’Assemblée modifia son décret et déclara qu’il n’aurait aucun effet rétroactif, sauf en ce qui concernait l’écrit intitulé : C’en est fait de nous. Camille Desmoulins se trouvait ainsi hors de cause, et Marat était seul poursuivi.

C’est pour répondre à la dénonciation de Malouet, que

  1. Révolutions de France et de Brabant, no 37.
  2. Déjà, le 18 juin, Malouet avait dénoncé le journal de Camille Desmoulins (Cf. Moniteur, Réimp., IV, p. 663). L’article du no 35, écrit à propos de la fête de la Fédération, avait été jugé offensant pour le roi.
  3. Cf. Moniteur, Réimp., V, pp. 281-282.