qui occupent 1 592 hommes, chacun à raison de 30 s. : ce qui fait une dépense journalière de 2 388 liv.
De compte réglé, la mouture d’un setier revient à 25 l. ; elle n’aurait coûté que 30 sous aux moulins ordinaires, et elle aurait été infiniment supérieure : ainsi le 16 dix-septième des frais sont en pure perte.
Ces moulins en action toute la journée ne rendent pas 200 septiers de farine, dont les frais ordinaires n’iraient qu’à 300 liv., et dont les frais extraordinaires sont portés à 2 388 liv., ce qui fait une perte journalière de 2 088 liv., et une perte annuelle de 772 320 liv.
À cette somme qu’on ajoute au moins 300 000 l. pour l’excédent des frais de transports, et 300 000 pour les appointements des chefs, sous-chefs, maîtres, contremaîtres, meuniers, gardes-moulins, engraineurs, portefaix, frais de bureau et de caisse, entretien des moulins, sans parler de leur construction, on aura 1 370 328 liv. en frais perdus.
Cette somme, uniquement relative aux manipulations de l’École Militaire, serait au moins décuplée, si on y ajoutait celles qu’exigent les manipulations de l’entrepôt de l’Abbaye Saint-Martin, et de vingt autres pareils tripots répandus dans les provinces. Voilà donc une dilapidation de 13 723 200 liv., dans un temps de calamité, où l’administrateur des finances n’a pas honte d’arracher aux malheureux leur dernière ressource, par une contribution vexatoire.
Deux jours avant que ces mystères odieux eussent été découverts, l’assemblée nationale avait dissous son comité des subsistances, et fait remettre au premier ministre l’approvisionnement du royaume, dont il a refusé de se porter garant[1] : tandis que la municipalité a paru prendre quelques mesures pour assurer enfin celui de la capitale. Mais l’administrateur général, loin de renoncer à l’infâme
- ↑ Il n’aurait pu s’en porter garant qu’il n’eût mis ses malversations d’accapareur à découvert. (Note de Marat)