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de Montesquieu[1], circulent encore ici et se manifestent souvent en termes presque identiques. Cette connexion est d’autant plus visible que Marat lui-même ne craint pas de rappeler et de citer ses premières œuvres, de les relier à ses écrits révolutionnaires, de faire état de leurs textes pour soutenir ses thèses et pour mettre en lumière l’unité de sa pensée. Ouvrons le Supplément de l’Offrande à la Patrie, et nous y trouverons un exemple caractéristique de cette préoccupation. L’édition française des Chaînes de l’esclavage n’avait point encore paru[2] et l’édition anglaise, publiée sans nom d’auteur en 1774, restait d’ailleurs à peu près inconnue en France[3]. Marat profita de cet anonymat pour donner, à l’appui d’une idée exposée par lui dans le Supplément de l’Offrande à la Patrie, un long passage des Chaînes de l’Esclavage[4]. Il serait facile d’ajouter d’autres exemples à celui-ci, et de noter, dans les écrits de Marat, cette filiation d’influence, cet enchaî-

  1. Cette œuvre de Marat, restée inédite jusqu’en 1883, consiste surtout en une analyse détaillée et commentée des ouvrages de Montesquieu. Elle ne révèle donc pas un effort bien personnel : mais elle marque du moins l’influence profonde exercée par Montesquieu sur Marat et la liaison qui existe entre certaines idées de l’auteur de L’Esprit des Loix et celles de l’auteur des Chaînes de l’Esclavage.
  2. Elle ne devait paraître qu’en 1793.
  3. Dans la Notice publiée en tête de l’édition de 1793 (pp. 5-12). Marat a raconté l’histoire de cette première édition des Chaînes de l’Esclavage. Il suffit donc de rappeler qu’elle parut à Londres, en un volume in-4o de 259 pages, sous le titre de The Chains of Slavery.
  4. V. plus loin, pp. 67-68, note.