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de fards et de fanfreluches. On lui servait de fausses tendresses dans des vraies dentelles. On l’amusait de gaieté feinte ; on le grisait de parfums coûteux. Il n’aurait pas quitté sa poupée luxueuse pour une amante qui portait des bas de coton. Qu’importe la beauté naturelle, quand elle est mal habillée !

Adrienne rageait et souffrait d’être privée de ces ressources de séductions. Telle quelle, elle pouvait se faire aimer d’un homme qui l’eût remarquée. Mais sans ces ruses de coquetterie, comment se faire remarquer d’un homme qui ne l’aimait pas ?

La jeune fille se disait : « Je ne puis pourtant pas me rendre à son bureau nue sous mon manteau, comme Monna Vanna ! »

Elle acheta plusieurs ingrédients de parfumerie avec la dévotion superstitieuse d’une sorcière qui prépare un philtre d’amour. Assise à sa toilette,