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— Ah ! çà… Vous ne m’écoutez pas !

Adrienne pensait : « Voilà l’amant de Mistiche. » Elle détaillait ses traits, son teint mat, ses lèvres épaisses ; sa moustache blonde où couraient des fils d’argent ; ses yeux bleus au reflet verdâtre. Elle se demandait : « Comment est-il, lorsqu’il courtise une femme ? Quelle douceur passe dans ses prunelles et quelles phrases prononce-t-il ? »

Robert l’interpellait, moitié fâché, moitié souriant :

— Êtes-vous distraite, aujourd’hui ! Vous rêvez à vos amours ?

— Je n’ai pas d’amoureux, monsieur.

Adrienne avait répliqué d’une voix sifflante, blessée à l’idée que Labrousse pût lui soupçonner une intrigue vulgaire. Elle dardait ses yeux sombres sur le visage de l’avocat ; et criait tout bas : « C’est toi que j’aime… Et tu ne comprends rien… Et tu t’en moquerais, du reste !… Je ne suis pas une Mistiche, moi. »

Robert, déconcerté, se dit : « Pourquoi me lance-t-elle des regards farouches ? »

Les manières bizarres d’Adrienne lui inspiraient