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c’est la maîtresse : elle est assez piètre et d’une condition sociale indigne ; mais telle quelle, elle a su charmer Labrousse : c’est donc une ennemie à redouter — à combattre…

Adrienne réfléchissait, accoudée devant sa machine à écrire. Elle prit subrepticement sa petite glace de poche et s’examina minutieusement : « Moi aussi, je suis jolie… Mais Descombes dit qu’elle est blonde… Il n’aime peut-être pas les brunes ?… Et puis, elle est plus jeune que moi. »

Mordue d’angoisse, Adrienne se figurait ce que pouvaient être les avantages, la fraîcheur et les attraits d’une femme plus jeune qu’elle ; et ses vingt-cinq ans ingénus connaissaient les affres d’une quadragénaire dédaignée qui envie la jeunesse étincelante d’une rivale.

« Il faut que je la voie ! » songea impérieusement Adrienne.

Elle se leva, regardant autour d’elle comme pour chercher quelque inspiration. Ses yeux parcouraient machinalement les rayons de la bibliothèque où s’alignaient des reliures sévères. Soudain, avisant un annuaire mondain, elle le prit,