Page:Marais - Trio d amour.pdf/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le député aimait trop les femmes pour bien les connaître. Il ne se disait pas que c’est rarement à la supériorité d’un homme que leurs sentiments s’adressent — alors que l’image d’une rivale, fût-elle méprisable, excite toujours leur instinct d’émulation.

Adrienne, cinglée par les propos de son vieil ami, revenait au bureau dans un état de fièvre et d’exaspération maladive qui l’éclairait subitement. Elle avait la même exclamation que Descombes :

— Parbleu : je l’aime !

Elle ajoutait avec amertume :

— Sans cela, que m’importerait son existence, en dehors du contentieux ?… C’est son droit, de s’amuser, d’avoir des maîtresses… Pourquoi sentirais-je cette douleur intolérable qui me comprime le cœur ; et cette petite boule qui m’étrangle, à la gorge… si je n’étais pas jalouse en me représentant ces choses ?… J’aime M. Labrousse… C’est un homme qui n’est plus jeune, qui n’a jamais été beau et qui ne m’honore d’aucune attention… Cependant, je l’aime. Je ne peux pas m’expliquer ça… Je ne me suis encore éprise de per-