Page:Marais - Trio d amour.pdf/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

votre fortune. Notre situation dans la société ne ressemble-t-elle pas à notre place au théâtre ? Si j’occupe une loge, le monsieur de l’orchestre vient me baiser la main, pendant l’entr’acte ; si je suis assise à la deuxième galerie, il affecte de ne m’avoir point vue. Et cependant, je suis la même femme ; j’ai le même charme, la même grâce, le même sourire, les mêmes épaules… Mais c’est au prix de mon siège que l’on rend hommage.

Adrienne était très reconnaissante à Descombes de son attitude. Elle l’appréciait d’autant plus qu’elle pouvait la comparer avec la conduite d’autrui : nous ne songerions peut-être jamais à remarquer le dévouement d’un ami, si l’indifférence du prochain ne nous en faisait sentir le mérite.

Après avoir laissé Adrienne s’acquitter de la commission dont l’avait chargée Labrousse, Descombes, abandonnant le terrain des affaires, questionna avec intérêt :

— Eh bien !… Vous plaisez-vous chez Robert ?

Sans attendre sa réponse, il demanda sur le même ton :