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vicieuses. Il en est du cœur comme de l’estomac : certaines gens ont besoin de la cuisine de restaurant pour exciter leur appétit.

Cécile Labrousse avait passé les premières années de son mariage sans soupçonner les sentiments réels de son mari. La naissance de son fils ; ses joies et ses préoccupations maternelles avaient absorbé son temps. Aujourd’hui, Paul, âgé de sept ans, commençait de lui échapper : les heures de lycée le tenaient éloigné ; de retour à la maison, c’était un petit bonhomme studieux, silencieux, rédigeant ses devoirs ; auprès duquel la mère, pensive, pouvait rêver… Et puis, l’approche de la trentaine, — l’âge sensuel — affinait la sensibilité de Cécile. Elle remarquait, à présent, la légèreté indifférente, les réticences de Robert. Une jalousie sournoise la tenaillait d’inquiétude : la vie affairée que menait son mari était si propice à dissimuler ses infidélités possibles ! Il lui semblait, depuis quelque temps, qu’un parfum étranger se glissait dans leur intimité, flottant sur les vêtements de Robert, imprégnant sa moustache. Il avait changé la coupe de ses cheveux, abandonné les teintes