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Cécile avait voulu épouser Robert, lui apportant, en plus d’une grosse dot, l’influence d’une parenté de choix. Gendre d’un avoué : c’était, pour l’homme d’affaires, la consécration officielle de son honorabilité professionnelle ; sa position s’en ressentait.

Robert avait à l’égard de sa femme l’affection du joueur envers son fétiche : il lui était reconnaissant de son bonheur et la chérissait tendrement ; mais il ne lui rendait guère sa passion. Cécile l’aimait trop fervemment pour qu’il fût capable de lui témoigner de l’amour. Il semble que l’homme soit refroidi par les démonstrations sentimentales et blasé des victoires faciles ; certaines comprennent cela et savent jouer le rôle de dédaigneuses : l’indifférence est le piment de l’amour. Cécile n’avait rien d’une comédienne.

De plus, Robert ne goûtait point le charme des grâces bourgeoises et des beautés vertueuses ; les jeunes filles ne l’avaient jamais attiré ; et sa femme lui paraissait aussi monotone qu’un ciel limpide. Son désir ne s’éveillait qu’au contact des attraits frelatés, des plaisirs canailles et des frimousses