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pos de cette Adrienne qu’il n’avait jamais désirée, il eût voulu crier à sa femme le nom de ses vraies maîtresses, de celles, au moins, qu’on avait le droit de lui reprocher.

Cécile prit ses dénégations pour un excès d’amour.

— Ah ! tu la défends bien !

Ivre de jalousie, les yeux fous, les mouvements désordonnés, elle ébaucha un geste de menace.

Adrienne avait suivi cette scène avec une émotion grandissante. Elle ne savait plus où elle était ni ce qu’elle était. Quelqu’un l’accusait, la traitait ainsi que la maîtresse de Labrousse : et cette accusation faisait passer en son être une volupté ineffable, la calomnie lui apparaissait comme une espèce de réalisation de son impossible amour. Elle était reprise, à cet instant, par toutes ses folies passées, électrisée au contact de la passion de Cécile.

À l’instant où Mme Labrousse se précipita vers son mari, Adrienne, bouleversée de terreur, subit un phénomène étrange : elle douta de la réalité ; elle douta d’elle-même, de son passé, de sa mé-