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Adrienne s’était levée docilement, soumise à la servitude ancienne, à la double servitude de son emploi et de son amour.

Ces mots : « Mme Descombes » et le ton sur lequel ils étaient prononcés lui donnèrent, mieux qu’un fait évident, le sens de sa nouvelle situation. Pour Robert Labrousse, elle avait cessé d’être, elle ne serait jamais plus « Adrienne Forestier », la simple dactylo.

Cela lui rendit le sentiment de sa dignité. L’avocat lui disait à demi-voix :

— Voulez-vous m’accorder quelques instants… je désire vous parler.

Elle acquiesça, d’un signe de tête, et le suivit en se roidissant pour dissimuler son trouble.

Robert Labrousse souriait toujours, du même sourire gêné, ne sachant comment entamer le périlleux entretien, assailli de sensations diverses à côté de cette jolie femme, qui l’avait aimé si passionnément, et que les passants qu’ils croisaient lui enviaient sans doute comme une conquête. Adrienne faisait sensation parmi les promeneurs des Boulingrins. Robert, vaniteux, en ressentait