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nelle par la force même de son amour ; et cet homme que j’ai connu si raisonnable et si pondéré, le voilà qui se déséquilibre à son insu au contact de cette charmante déséquilibrée. Est-ce bien lui qui a pu concevoir sérieusement un projet aussi extravagant ? »

L’égoïsme reprenait ses droits : « Mes relations avec eux vont devenir amusantes, dans ces conditions-là ! »

Tenté de s’en aller, il hésitait à l’idée de renoncer du même coup à sa longue intimité avec Edmond Descombes, son camarade, son frère, ce miroir complaisant où il pouvait se regarder vivre : et voir le reflet de son propre passé. Pourquoi cette femme était-elle venue les séparer ?

Labrousse comprenait qu’il était impossible de sortir d’une situation fausse par des demi-mesures. Qu’il continuât de fréquenter Descombes en évitant Adrienne : l’influence sournoise de la jeune femme détacherait peu à peu le député de son ami, effriterait cette vieille affection d’un coup d’ongle. Qu’il s’imposât à Mme Descombes sans explication préalable ; et le souvenir de la scène