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Descombes poursuivit flegmatiquement :

— Mon ami, j’ai eu l’idée d’épouser Adrienne Forestier le jour où je l’ai rencontrée sortant de chez toi qui venais de la congédier pour des motifs que j’avais prévus depuis plusieurs mois alors que vous ne les soupçonniez ni l’un ni l’autre… Ne t’étonne pas de ma perspicacité, Robert : j’aimais secrètement Adrienne, d’un amour timide d’homme âgé qui ne peut qu’être paternel s’il possède assez de bon sens pour n’être pas grotesque… L’effondrement d’Adrienne, après sa déception amoureuse, devait la conduire au suicide si elle restait assez forte pour ne point sombrer dans la débauche — cet écueil des passions aigries… J’ai jugé qu’en donnant mon nom à cette enfant, je la sauvais par cette diversion salutaire : un titre honoré, une vie honorable — se résumant en ces mots : devenir une femme mariée. Et je payais ainsi, d’une bonne action, le droit de jouir d’un bonheur qui n’est plus de mon âge.

L’ironie de Robert Labrousse s’émoussa, vaincue par cette simplicité touchante. Franchement attendri, l’avocat murmura d’une voix émue :