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dans le petit salon où l’attendait son ami. Tout de suite, un léger détail, lui sautant aux yeux, le fit murmurer en lui-même : « Diable !… Il l’aime avec passion. » On n’avait rien modifié au décor impersonnel de cette pièce d’hôtel : seul, un portrait d’Adrienne, posé sur la cheminée, tranchait sur la banalité du reste. Et ce soin significatif, ce besoin d’avoir constamment l’image de sa femme sous son regard, révélait à l’observateur sagace la profondeur de cet attachement.

Robert commença d’une voix persuasive, en serrant affectueusement les mains de Descombes :

— Mon cher ami, je viens m’excuser d’une étourderie bien involontaire que je déplore plus que tu ne peux l’imaginer… En te revoyant brusquement, avant-hier, en reconnaissant Adrienne, ignorant ton mariage, j’ai commis une erreur dont j’ai un regret infini… Je ne te demande point de pardon, car tu es un peu fautif : pourquoi m’avoir caché cela, à moi : ton meilleur ami ?… Mais je serais absolument navré d’avoir offensé Mme Descombes… Inutile de te dire que j’ai expédié Mistiche par le train rapide…