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Dès qu’Adrienne eut poussé la porte vitrée de l’étude, elle se sentit dans une ambiance insolite qui révélait la profession toute particulière de Robert Labrousse : ici, rien du décor rébarbatif où se plaisent les hommes d’affaires. Cette étude était pimpante, malgré sa gravité ; l’air s’y mélangeait d’une odeur de paperasses et de poudre de riz ; les clercs au travail étaient, pour la plupart, des jeunes gens souriants et fureteurs qui maniaient leur porte-plume avec élégance, en ayant l’air d’écrire un billet galant ; le Dalloz s’étalait sur un rayon chargé de reliures sévères ; mais des revues théâtrales et des journaux folâtres voisinaient sur une table jonchée d’illustrés, à la disposition des clientes teintes et fardées, qui attendaient l’heure de la consultation en se regardant dans la glace de leur bourse d’or, en s’époussetant le bout du nez avec la houppette, en se frottant les lèvres d’un bâton de carmin.

Adrienne, Un peu gênée, s’avança gauchement jusqu’au milieu de la pièce ; regardant tour à tour chacun des employés sans savoir à qui s’adresser. Une dactylographe, avisant cette visiteuse em-