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Il marchait de long en large, à travers son bureau ; préparant les phrases qu’il allait prononcer. Cette affaire sentimentale lui semblait plus difficile à débrouiller qu’un litige.

Chaque fois que ses pas le ramenaient auprès d’Adrienne, il devait résister à la tentation de se jeter sur elle et de goûter ses lèvres. Pourtant, il ne la désirait pas. Mais une bouffée de sensualité l’affolait passagèrement au contact de cet amour.

Il triompha de sa faiblesse fugace ; et songea : « Il faut en finir… Allons ! »

Il tira discrètement son portefeuille de sa poche et compta, à la dérobée, les coupures qui s’y trouvaient. Ensuite, se rapprochant d’Adrienne, il déclara avec une modération résolue où s’affirmait toute son énergie paisible :

— Vous devez comprendre, ma chère enfant, qu’après la scène qui vient de se passer… Votre présence ici est, dorénavant… impossible… n’est-ce pas ? Je suis désolé de vous causer de la peine. Mais il vaut mieux pour vous, comme pour moi…